Dans le cadre de la semaine consacrée au jazz portugais organisée par l’association AGRAFr et Jazz’Aqui, la fondation Calouste Gulbenkian à Paris a accueilli hier une conférence sur l’histoire du jazz portugais présentée par Luís Figueiredo.
Ce pianiste virtuose, docteur en ethnomusicologie et enseignant-chercheur en études musicales dédiées au jazz, partage régulièrement la scène avec des musiciens tels que João Moreira, Mário Franco, João Hasselberg ainsi que d’autres artistes comme Cristina Branco, Luisa Sobral et Ana Bacalhau. Il est également fondateur du Luís Figueiredo Trio. Récemment, son travail d’orchestration de la chanson lauréate « Amar pelos dois » a été reconnue dans le Festival de l’Eurovision.
Luis Figueiredo nous a présenté une photo du jazz au Portugal depuis les origines jusqu’à aujourd’hui.
C’est en 1922, en plein dans les années folles, que les jazz band ont fait leur apparition au Portugal, essentiellement dans les night-clubs lisboètes, et dans un contexte plus rural, avec la création de « Os Jazzes », des petits groupes de musiciens qui étaient par ailleurs membres d’orchestres philharmoniques des villes ou villages portugais, comme le décrit António Ferro dans « A idade do Jazz Band ».
Cette vague folle venue d’outre Atlantique, aux relents racistes et fondée sur le mythe du primitivisme, a toujours été très mal perçue par l’Estado Novo et ses élites conservatrices.
Vient ensuite une période d’affirmation pendant laquelle Luiz Villas-Boas (1924-1999) a été un élément moteur, notamment avec la création d’une rubrique radio intitulée « hot clube » en 1945. La première jam session se tient d’ailleurs à Lisbonne en 1945.
En 1948, Luiz Villas-Boas crée le Hot Club de Portugal.
Puis, le jazz fait son apparition à la télévision portugaise dans les années 60 à travers une émission présentée par Manuel Jorge Veloso.
Pendant cette même période, le Quartet du HCP signe la bande son du film Belarmino en 1964, et une émission quotidienne intitulée « cinq minutes de jazz » est diffusée sur les ondes de Antena 1 RDP.
1971 est une année marquante car c’est cette année qu’a lieu le premier festival de jazz au Portugal. La ville de Cascais accueille en effet la tournée mondiale des GIANTS OF JAZZ, emmenée par Miles Davis, Ornette Coleman, Thelonius Monk, Dizzie Gillespie, Art Blakey…
Il faudra attendre 1976 pour qu’un Portugais signe un premier album de jazz : Rão Kyao, avec Malpertuis.
Depuis les années 80, les festivals de jazz se sont multipliés un peu partout au Portugal, comme le Guimaraes Jazz.
L’année 2002 est également un tournant dans l’histoire du jazz portugais car c’est cette année là qu’est créé à Porto le premier cursus universitaire dédié au jazz, qui aboutira à de nombreuses recherches musicales et ethnologiques.
Le début des années 2000 verra également la création de Labels dédiés au jazz, comme TOAP (2001-2014) et Clean Feed (2001).
Malgré l’existence de nombreux musiciens de jazz portugais très talentueux, ce genre musical qui a longtemps été réservé à une élite, peine à se répandre comme il le devrait, notamment en France, un pays peu réceptif au jazz portugais.
Ces dernières années ont vu l’apparition d’un phénomène nouveau qu’est le regroupement des musiciens de jazz au sein de petites institutions, comme le projet Jazz’aqui, dont le but est de renforcer l’image du jazz portugais dans le monde entier.
Carlos Bica, qui est contrebassiste et compositeur, est très probablement le musicien de Jazz le plus prolifique, novateur et reconnu en Europe et dans le monde. Son ton poétique fait écho de ses origines et ses expériences cosmopolites, créant des mélodies touchantes et inoubliables. En compagnie de Frank Möbus et de Jim Black, Bica signe le trio Azul, qui a déjà édité 5 albums, après plus de vingt ans d’existence.
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