Catégories
TRADITIONS

NOËL AU PORTUGAL

Au Portugal, on appelle Consoada le réveillon de Noël, qui comprend le repas en lui-même et l’ouverture des cadeaux, plus tard dans la nuit du 24 au 25 décembre.
Du point de vue gastronomique, le réveillon portugais est avant tout l’occasion de savourer des plats simples, mais savoureux, tous imprégnés de tradition.

Si le dîner peut en revanche être qualifié de copieux, c’est avant tout à cause de la place très importante faite aux desserts.
Le plat principal est bien évidemment la morue, d’autant plus qu’il existe 365 façons différentes de la préparer, mais le 25 décembre, les Portugais choisissent de la manger le plus humblement possible, le plus souvent bouillie avec de simples pommes de terre et des choux cuits à l’eau, ou alors en brandade avec de la crème. Un repas relativement frugal, en prévision des nombreux et consistants desserts, présentés bien plus tard dans la soirée.

Le Portugal reste un pays profondément ancré dans la religion catholique, c’est pourquoi au moment où sonnent les douze coups de minuit, tous les fidèles se dirigent à l’église locale pour y célébrer la Missa do Galo, littéralement “la messe du coq”. Pourquoi le coq ? Selon les croyances, un coq aurait chanté le matin du 25 décembre, célébrant à sa façon la naissance de Jésus Christ.

Ce n’est que tard dans la nuit, après la messe que les convives passent aux desserts. Dans chaque maison, une table entière leur est ainsi dédiée. Selon la tradition, cette table de desserts restera alimentée durant plusieurs jours, pour accueillir tous les proches venus offrir leurs cadeaux et présenter leurs voeux.

En hommage aux participants de la Cène, les desserts présentés sont au nombre de 13. Parmi ces douceurs, on trouve des fruits (des oranges en particulier), mais surtout les classiques de la pâtisserie portugaise.

Bolo rei : Le Gâteau des rois en forme de couronne, composé de fruits secs et garnis de fruits cristallisés. Autrefois, les Portugais servaient cette pâtisseries le 6 janvier, date à laquelle, selon la religion catholique, les 3 rois mages auraient rendu visite à l’enfant Jésus. Le 6 janvier fût d’ailleurs pendant longtemps, le jour où l’on s’échangeait les cadeaux. Aujourd’hui, la consommation du bolo rei s’est étendue à toute la période de Noël.

Arroz doce : Le riz au lait portugais fait partie des desserts habituels de la gastronomie nationale. Légèrement aromatisé au citron, on le décore systématiquement avec de la cannelle. Il suffit d’en prendre une pincée entre les doigts pour dessiner un sapin de Noël, ou bien personnaliser des ramequins individuels au nom de chacun des convives.

Filhós : Beignets à base d’une pâte proche de celle utilisée pour le pain, souvent très légèrement parfumée à l’orange. Afin de les savourer chauds, on prépare généralement la pâte avant le repas, le temps qu’elle lève convenablement. Les beignets sont ensuite frits, une fois les gens rentrés de la messe. On saupoudre les filhós de sucre et de cannelle au dernier moment, pour ne pas que ces derniers ramollissent les beignets. Il existe plusieurs variantes de filhós, dont une fameuse préparée à base de potiron.

Rabanadas : Aussi appelées fatias douradas, et proches du pain perdu, ce sont des tranches de pain rassis, plongées dans du lait puis frites, parsemées de cannelle et de sucre. Les rabanadas sont parfois préparées avec une variante de vin chaud.

Doce de aletria : Sorte de riz au lait au vermicelle.

On compte aussi de nombreux autres desserts selon les régions : Ovos moles, spécialités de la ville de Aveiro, les Sonhos (rêves), petits beignets frits, ou encore le Pão-de-ló, gâteau riche en œuf, aromatisé à l’orange ou au citron.

Le lendemain, le 25 décembre, les convives se réunissent à nouveau, cette fois pour manger du chevreau rôti au four servi avec des grelos, des pousses de navets. Ces pousses constituent la tige verte des navets, généralement mise de côté. Peu ou pas consommés en France, les grelos, dont le goût un peu âcre, et surtout l’apparence, les rapprochent des épinards, sont en revanche très appréciés, cuits à l’eau, par les Portugais. Malgré tout, l’influence anglo-saxonne fait que la dinde remplace de plus en plus souvent le chevreau dans certains foyers.

Pour accompagner ces plats, les Portugais privilégient le vin rouge.
Pour le dessert, le Porto, produit des vignes longeant le fleuve Douro au nord du pays, est traditionnellement préféré au champagne.

Au moment de l’ouverture des cadeaux, l’estomac n’est pas en reste car l’habitude veut que l’on offre une orange à chacun des convives. A l’époque, ce fruit d’hiver était considéré comme un produit précieux, au point de devenir l’un des symbole de Noël.
Les cadeaux s’ouvrent plutôt au retour de la messe minuit, dans la nuit du 24 au 25, en dégustant les desserts. Selon la tradition, ces présents ne sont pas apportés par le père Noël, mais par le Petit Jésus.

Dans les maisons pourvues d’une cheminée, le 24 décembre est également allumé un feu à l’aide d’un petit tronc d’olivier ou de châtaignier. En temps normal, les cendres de ce feu doivent être maintenues pendant une semaine jusqu’au jour de l’An, le 31 décembre.

En plus du presépio (la crèche), et comme partout ailleurs, le sapin fait désormais partie des éléments de décoration de Noël. Pour preuve Lisbonne a récemment érigé le plus grand conifère illuminé d’Europe, haut de 62 metres.

Lors de la nuit de Noël, les musiciens et chanteurs de chaque ville et village, arpentent les rues pour chanter et jouer aux portes des habitants. Ces manifestations s’appellent les Janeiras, même si comme leur nom l’indique, elles ont le plus souvent lieu au mois de janvier.

0 / 5. 0