Lisbonne, c’est une capitale qui a les pieds dans l’eau. À cet endroit, le Tage est tellement large qu’il ressemble à une mer. D’ailleurs, au niveau du quai qui est en face de la Place du Commerce, il y une petite plage où les Lisboètes d’un jour peuvent se détendre sur le sable et contempler le Pont du 25 Avril et le Christ Roi, qui nous regarde avec bienveillance les bras écartés, sur l’autre rive du fleuve. Des artistes empilent des galets et des pierres les uns sur les autres et réalisent des sculptures plutôt originales. À quelques encablures d’ici, il y a l’océan Atlantique, comme nous le rappelle le cri strident des mouettes. Cet été, j’ai passé une seule journée à Lisbonne. J’ai eu la chance de visiter la ville le jour où la Marine portugaise fêtait ses 700 ans. À Lisbonne, tout est là pour nous rappeler qu’au XVe siècle le Portugal a entamé une campagne d’explorations maritimes qui allait bouleverser son destin de petit pays tourné vers l’océan. La ville s’est nourrie et s’est construite grâce aux richesses provenant des grandes découvertes. Au pied du Monument des Découvertes, dont le profil est une épée, il y a une rose des vents géante sur laquelle a été tracé le parcours effectué par les Portugais, le contournement de l’Afrique, la découverte du Brésil, l’arrivée en Inde, et même plus loin, jusqu’au Japon. Un siècle d’explorations méthodiques qui allaient transformer le Portugal en un empire maritime et commercial. La Tour de Belém, avec sa forme de caravelle en pierre, est accostée sur le Tage pour nous rappeler que Lisbonne a été la capitale du Monde, le pont entre l’ancien et le nouveau monde. Un arrêt obligatoire à Lisbonne, c’est la Pâtisserie de Belém. Juste le temps de déguster quelques pastéis de nata, saupoudrés de cannelle, l’une des précieuses épices que les Portugais allaient chercher en Inde et au Sri Lanka. Le temps passe. Il faut revenir dans le centre-ville. Rien de tel qu’un tramway, pour s’y rendre. Je ne me lasse pas de regarder le défilé de ces vieux engins jaunes qui traversent Lisbonne avec la même élégance qu’il y a un siècle en arrière.
Il fait chaud. Les fontaines de la Place du Rossio, dont on reconnaît le style français, sont idéales pour se rafraîchir. C’est les eaux de Versailles en moins flamboyant, mais cela donne un charme fou à cette place pavée à la portugaise, avec ses petites pierres noires et blanches à la disposition géométrique en forme d’ondes. Tout en haut d’une colonne, se tient debout D. Pedro IV, celui qui deviendra le premier empereur du Brésil. À deux pas d’ici, en montant vers le Bairro Alto, nous arrivons sur la jolie petite Place Camoes, du nom du grand poète portugais qui a écrit les Lusiades, une oeuvre fondamentale qui raconte l’épopée du Peuple portugais et des grandes découvertes. Du haut de son piédestal en pierre, il semble s’adresser à son voisin de quartier Fernando Pessoa, l’un des plus grands poètes du XXe siècle, qui est assis comme à son habitude à la terrasse du café le plus célèbre de Lisbonne, le Braliseira. Asseyez-vous à côté de lui, prenez la pose, et écoutez le Message qu’il semble nous délivrer, à demis mots.