Il y a plus d’un an, j’ai partagé sur mon blog cette vidéo postée sur Viméo qui montre des images du bidonville « portugais » de Saint-Denis qui ont été tournées entre 1969 et 1971, plus probablement en 1969. Très ému par ces images bouleversantes et désespérément muettes, j’ai voulu savoir qui les avait tournées et dans quel contexte.
Les matériaux qui composent cette bobine, et qui ont été numérisés à partir d’un ensemble de bobines 16mm, font partie d’un fond plus grand, et ont été récupérés dans le cadre de la collecte menée activement par les Archives Getaway, autour du cinéma dit militant, ou politique ou d’intervention, et plus largement sur les images liées à des situations de luttes.
Les filmeurs et intervieweurs étaient 3 militants qui avaient décidé de filmer dans les bidonvilles, finalement le film ne s’est jamais terminé. Un groupe de travail a été monté récemment pour résoudre les questions techniques et mener à bien une tâche titanesque qui consiste à rassembler et préparer des matériaux très fragmentés, avec des images et des sons, dans des états le plus souvent très dégradés, avec l’incertitude de retrouver les sons qui correspondent à ces images (les bandes originales à priori n’existent plus), des éléments pouvant manquer, et comme les bandes sont trop abimées, le signal ne sera peut être plus audible. Par ailleurs il n’est pas certain que du son ait été pris tout le temps, même s’il y a des entretiens et qu’un micro apparaît à l’images lors de certaines scènes.
Avec l’aimable autorisation des Archives Getaway, et en attendant que ce travail d’une grande valeur historique et cinématographique aboutisse, j’ai éprouvé le besoin d’ajouter un fond sonore à ces images, de leur donner vie, parce que ces images font partie intégrante de notre mémoire collective.
Ces bribes d’images en noir et blanc, presque effacées, très touchantes, dramatiques, sont suffisamment parlantes. Elles témoignent d’un passé douloureux de l’immigration portugaise, celui des grands bidonvilles de la région parisienne dans lesquels ont vécu des dizaines de milliers de personnes, des familles entières, dans l’indigence, l’insalubrité et l’exiguïté. Malgré cela, il s’en dégage une grande dignité et un message d’espoir porté par le regard lumineux de tous ces enfants de l’immigration qui deviendront plus tard les forces vives de la France.
BIDONVILLE PORTUGAIS