Le Portugal a pris une part active aux côtés de la France et des Alliés, pendant la première Guerre Mondiale, dans l’effort de guerre contre l’Allemagne. Suite à la réquisition de tous les navires allemands mouillant dans les ports portugais le 24 février 1916, l’Allemagne déclare la guerre au Portugal le 9 mars 1916.
Le Portugal mobilise alors près de 50.000 hommes et envoie en France le Corps Expéditionnaire Portugais. Sous le commandement du général Tamagnini, le CEP débarque à Brest en février 1917 et est stationné à Aire-sur-la-Lys, dans le Pas-de-Calais, où il est rattaché à l’armée britannique.
En novembre 1917, on lui confie une zone à défendre, une plaine située entre la Lys et le Canal de La Bassée, très humide et très boueuse. Le moral des troupes portugaises se dégrade petit à petit. Les soldats ont d’énormes difficultés à s’adapter aux conditions climatiques particulièrement difficiles de l’hiver 1917-1918.
Leurs conditions de vie vont se détériorer au fil des mois, ne bénéficiant pas de remplacement, les soldats portugais ne peuvent donc pas se reposer et supportent mal cet hiver rigoureux du Nord de la France. Quand la bataille de la Lys éclate le 9 avril 1918, les deux divisions du CEP, incomplètes et mal encadrées, doivent affronter sur leur secteur près de dix divisions allemandes en trois lignes successives. Malgré quelques points de résistance, les soldats portugais sont balayés par l’offensive allemande « Georgette ».
Sur près 56.500 hommes mobilisés, le Portugal doit déplorer en 1918 environ 2.100 morts, 5.200 blessés et 7.000 prisonniers.
Le cimetière militaire portugais de Richebourg regroupe les corps de 1.831 soldats tombés notamment lors de la bataille de la Lys.
De l’engagement du Portugal dans la Première Guerre mondiale, un seul nom est passé à la postérité, celui du soldat Aníbal Augusto Milhais, un simple paysan originaire de Valongo, dans le Conseil de Murça (Trás-Os-Montes).
Pendant cette fameuse bataille de la Lys, durant plusieurs jours, seul et armé d’une mitraillette, ce jeune soldat frêle et de petite taille, fait face aux colonnes allemandes, permettant ainsi au reste des troupes portugaises et alliées de se réorganiser à une trentaine de kilomètres.
Au moment où plusieurs dizaines de militaires parmi les alliés battent en retraite à cause des coups de butoir de l’ennemi, une opération difficile et périlleuse en raison des nombreux blessés, le jeune Aníbal se laisse surprendre, et se retrouve tout seul caché dans un abri rempli de munitions.
Il ne lui reste que trois possibilités : se rendre à l’ennemi, se laisser abattre ou alors l’affronter. C’est cette dernière option qu’il choisit. Il saute alors hors de ce trou qui aurait pu être sa tombe, et il décide d’affronter les Allemands l’arme à la main, jouant sa vie au tout pour le tout. Autant mourir en se rendant utile à la cause qu’il défend. D’après les témoins de l’époque, le jeune Portugais réussit à balayer une colonne entière d’Allemands qui poursuit en moto les soldats alliés qui tentent de se replier. Après cet acte héroïque (ou désespéré), une autre colonne d’Allemands lui tombe dessus.
Face à ces tirs nourris, l’ennemi pense trouver derrière la tranchée un grand nombre de soldats alliés et n’en croit pas ses yeux lorsqu’il découvre face à lui devant ses yeux ébahis, un seul et même énergumène, tout petit, le visage noirci par la boue, qui lutte désespérément pour sa vie, et qui tient fermement à la main une mitraillette qu’il a eu tout juste le temps de recharger.
Bénéficiant peut-être de cet effet de surprise, Anibal décharge son arme sur les hommes qui lui font face. Beaucoup de soldats allemands sont littéralement balayés par les tirs du Portugais. Beaucoup d’entre eux meurent et beaucoup d’autres prennent la fuite.
Mais le soldat Milhais n’en reste pas là. Il sauve la vie d’un médecin écossais, l’empêchant de se noyer dans un marais. C’est ce dernier qui informera les alliés de ce fait de bravoure.
« Tu t’appelles Milhais », lui dira son commandant, « mais tu en vaux des millions ». Et c’est ainsi que cette histoire fera le tour du monde, qu’il deviendra le « Soldado Milhões », le « Soldat Millions », et que même le nom de son village sera transformé en Valongo de Milhais.
La guerre terminée, le jeune soldat rentrera tranquillement chez lui et redeviendra le payson anonyme qu’il était. Il retrouvera sa terre natale, la dureté et la pauvreté du monde rural, se mariera, et fondera une famille composée de huit enfants.
Grâce à cet exploit héroïque, Aníbal Augusto Milhais a été le seul simple soldat à obtenir le collier de l’Ordre de Torre e Espada, la plus haute distinction militaire portugaise.
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