Imaginez l’émerveillement des navigateurs portugais lorsqu’ils ont accosté sur cette île de l’Atlantique pour la première fois en 1419 alors qu’ils commençaient à peine à entreprendre leurs premières grandes explorations maritimes. Ils venaient de découvrir une île très boisée (d’où le nom de Madeira), aux côtes escarpées, baignant dans une eau bleu azur calme, sous un climat tempéré où le soleil est présent toute l’année. La « perle de l’Atlantique », « l’île aux fleurs », nombreux sont les qualificatifs pour décrire la beauté naturelle de ce petit bout de paradis situé au large de l’Afrique, près des Canaries. Un petit bout du Portugal créé de toutes pièces en pleine mer qui est l’endroit rêvé pour passer une semaine de vacances si l’on aime la marche et les beaux paysages. Dépaysement total garanti.
Très prisée par les randonneurs de toute provenance qui arpentent l’île en long et en large, Madère nous lance un défi : il faut la parcourir à pied car c’est le seul moyen de pénétrer jusqu’au coeur de l’île et jusqu’à ses retranchements les plus secrets. Chapeau bas mesdames et messieurs les madériens. En tant que Portugais, on ne peut qu’être fier du travail que vous avez accompli afin de rendre praticable votre terre. On ne peut qu’admirer votre détermination, votre courage et votre force. Vous vous êtes adaptés à la difficulté qu’il y avait à circuler sur l’île en raison de ses versants escarpés : vous avez construit des routes et creusé des tunnels qui permettent quasiment de faire le tour de l’île ou de la traverser de part en part. Il est ainsi possible de parcourir l’île en un ou deux jours afin de repérer les beaux coins à visiter. Et ils sont nombreux.
Tout d’abord Funchal, la capitale de la région autonome de Madère. Une baie magnifique, avec des maisons blanches et des tuiles rouges construites jusqu’en haut de la couronne de montagnes qui entourent la capitale. Une belle croisette, avec des palmiers, un petit port de plaisance, un port où viennent s’amarrer les ferrys de passage et un grand bateau qui fait la navette avec Porto Santo, l’île annexe qui offre la plage la plus grande du Portugal. A Funchal, tout y rappelle le Portugal. Les rues pavées, avec ses petits commerces, ses arbres fleuris, sa douceur de vivre.
Et puis, des sites dispersés un peu partout, qui méritent le voyage. Câmara de Lobos, un petit port de pêche pittoresque. Un peu plus loin en allant vers l’ouest, le Cap Girao, dont le mirador offre des vues splendides sur les côtes est et ouest de l’île. A l’extrême ouest, il faut absolument parcourir la « route de l’or », qui va de Ribeira Brava à São Vicente. Emerveillez-vous devant les cascades qui se déversent sur l’Océan et baignez-vous dans les piscines naturelles d’eau de mer emprisonnée par les roches volcaniques, à Seixal ou Ponta Delgada.
Un peu plus loin, au Nord, arrêtez-vous à Santana et appréciez les petites maisons typiques et colorées avec les toits en chaume qui vont jusqu’au sol. En continuant vers l’Est, accostez à Porto da Cruz et profitez de sa plage de poche en sable gris entourée par un immense rocher et des petites montagnes. Pour les plus courageux, continuez votre voyage jusqu’à l’extrême Est, le Cap São Lourenço, et munis de bonnes chaussures de randonnée, marchez jusqu’au cap, par un chemin cahoteux le long des falaises et des précipices. Extasiez-vous devant les côtes de roches rouges et les petites criques où viennent mouiller au calme les petits voiliers. Les côtes sont belles mais l’intérieur l’est tout autant. Ainsi, en s’enfonçant (ou plutôt en montant) vers le Nord de Funchal, on arrive à Monte, belle petite ville fleurie, parsemée de villas et de belles demeures. L’un des circuits touristiques les plus connus consiste à y grimper par le téléphérique depuis la capitale et redescendre sur des carros de cesto, les fameuses luges en osier que deux hommes en chemise blanche et en canotier guident à l’aide de leurs pieds.
On continue notre montée de l’île. Le paysage change à mesure qu’on monte en altitude. On traverse des forêts généreuses qui sentent bon l’eucalyptus. Puis de lacet en lacet, on s’enfonce dans le maquis, véritable manteau vert et touffu qui recouvre le coeur de l’île. A l’Achada do Teixeira (1592 m), une chaussée mène jusqu’au point le plus haut de Madère, le Pico Ruivo (1862m). La randonnée qui offre à nos yeux les plus belles vues montagneuses de l’île. Le souffle court, les jambes lourdes, on s’extasie devant les sommets qui nous entourent, au dessus des nuages.
D’un autre point élevé, Eira do Serrado (1095m), une vue saisissante sur Curral das Freiras, une petite ville située en contrebas (633m) entourée d’un collier de montagnes. Une autre randonnée à ne pas manquer est celle de Rabaçal. Après une descente qui n’en finit pas, on arrive sur un chemin verdoyant et on suit une levada (les fameux canaux d’irrigation qui alimentent toute l’île en eau) qui conduit à une cascade géante sur le site appelé Risco. On continue notre route, toujours le long d’une levada, qui nous mène jusqu’aux 25 Fontes : plusieurs cascades qui se déversent en un seul et même lieu.
Une dernière promenade avant de partir. De plage de Santa Cruz, petite ville à l’Est de Madère, une vue étonnante : le ballet des avions qui atterrissent sur la piste de l’aéroport de Funchal, qui longe la mer.