Le Festival Folisboa est né de la complicité artistique qui lie depuis de nombreuses années
Le Grand Rex Paris, et Les Visiteurs du Soir. Après une collaboration commune lors du concert de Caetano Veloso en mai 2014, les Visiteurs du Soir et Le Grand Rex, forts de la connivence qui existe entre Lisbonne et Paris, se sont lancés dans la création d’un festival de musique lusophone sur les grands boulevards parisiens. Le pari est audacieux et se veut la prémisse d’évènements ou d’animations futures du même type. S’associent à l’aventure Uguru, producteurs de spectacles, ainsi que Chloé Siganos, ancienne attachée culturelle à l’Institut français du Portugal, qui assume la
coordination générale et artistique de Folisboa.
Entre l’intégration naturelle de toutes les influences musicales de son histoire et perpétuelle
exploration dans de nouvelles formes du patrimoine poétique des anciens, la scène
musicale lusophone n’a jamais été aussi vivante qu’aujourd’hui.
Le festival Folisboa met à l’honneur la scène musicale de Lisbonne qui vibre au son des
artistes lusophones, du Portugal au Brésil en passant par l’Angola et le Cap vert.
Avec le soutien de la Ville de Paris et de la Ville de Lisbonne, le festival ouvre pour la
première fois ses portes les 26, 27 et 28 juin au Grand Rex pour trois soirées uniques, et se
prépare pour 2016 à investir de nouvelles salles de la Capitale. L’aventure ne fait que
commencer…
LES ARTISTES DU FESTIVAL
Avec son spectacle « L’Esprit d’un pays », Rodrigo Leão inaugure le festival tout en douceur,
et nous offre un voyage à travers l’âme et l’identité d’un peuple. Le fondateur des
Madredeus est à lui tout seul un ambassadeur de la musique portugaise à l’international.
Folisboa ne pouvait mettre à l’honneur Lisbonne sans offrir une place de choix à l’un de ses
mouvements artistiques les plus emblématiques, le fado. Quatorze ans après son premier
album Fado em mim qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires dans plus de 35 pays,
Mariza revient pour notre plus grand bonheur à Paris. Le festival honore également Carlos
Do Carmo, qui célèbre ses 50 ans de carrière. Les plus belles voix de la nouvelle génération
du fado se joignent à lui pour une matinée exceptionnelle : Ana Moura, Camané et
Carminho.
Folisboa, c’est aussi un voyage sur les terres de la lusophonie : le Brésil sera à l’honneur avec
la pop alternative de Lénine, dont les concerts se jouent à guichets fermés à Rio de Janeiro
ou à São Paulo. Le Cap vert sera présent avec la délicieuse Lura, digne héritière de Cesária
Évora, sans oublier l’Angola militant et festif de Bonga. Enfin, le groupe Rivière Noire sera
également à l’affiche du festival avec leur album éponyme consacré meilleur album World
aux Victoires de la Musique 2015. Le Rex Club se joint au Festival pour une soirée spéciale
AUTOMATIK meets FOLISBOA avec un set qui réunira THE ADVENT (live), GLOVE b2b JOEL
CAMPOS, A. PAUL et DJ TONIO pour danser jusqu’au bout de la nuit.
www.folisboa.com
FOLISBOA, LE FESTIVAL D’UNE COMMUNAUTÉ DE
LANGUES
Par Véronique Mortaigne, journaliste au quotidien Le Monde
Communauté de langue, convergence historique : la lusophonie s’affirme comme un bassin culturel
homogène, de l’Afrique au Brésil en passant par le Cap-Vert.
Le Cap-Vert, comme l’Angola, offre une palette musicale extrêmement diversifiée, partant de la
stricte tradition africaine pour arriver à la chanson déliée et mélodique, telle que popularisée par
Cesária Evora. A la croisée des chemins atlantiques, l’archipel du Cap-Vert a servi d’escale aux
navigateurs en route pour l’Amérique du Sud, les Caraïbes et l’Afrique australe. En est née une
musique d’une richesse hybride.
L’histoire de ces musiques lusophones est étroitement liée à la politique. La conquête du Nouveau
monde d’abord, puis l’autonomie brésilienne qui nourrit deux styles musicaux fondamentaux, éclos à
la fin du 19ème siècle : le fado et la samba. L’anticolonialisme africain ensuite, qui mena à la guerre
en Angola, au Mozambique et en Guinée-Bissau et précipita la chute du gouvernement portugais
d’obédience salazariste en 1974. La nouvelle génération du fado, représentée par des artistes
ayant de larges attaches avec les anciennes colonies (Mariza, Amelia Muge), a absorbé ce
chapitre de l’histoire portugaise.
Le fado est d’ailleurs une drôle de créature. Africaine par son rythme, héritière directe du lundum,
danse inventée par les esclaves au Brésil ; arabo-andalouse par le chant ornementé à souhait,
amenant à l’exaltation après un crescendo dramatique ; cousine germaine des joutes poétiques des
troubadours du pays d’oc et de la musique d’Europe du Nord par son instrument phare, la guitare
portugaise, dérivée du sistre anglais (mais aussi de l’oud, le luth arabe).
Première interprète de fado dans sa forme moderne, la Severa, née en 1820 et morte assassinée en
1848, était une prostituée de la Mouraria. Mulheres da vida, Mulheres do fado : les femmes de
mauvaise vie, les femmes du fado avaient alors le malheur et la sensualité inscrits dans les veines
comme le rire et l’obscénité ; les musiciens aveugles se servirent ensuite du fado pour récolter leurs
oboles. De l’Amérique à la métropole lusophone, la logique du blues suit les mêmes chemins pentus.
Quel est donc ce blues lusophone, souvent traduit par une incomparable gaité rythmique ? Le
Portugal, cette ‘ île ‘ du bout de l’Europe, un temps maître d’un empire démesuré, a fondé une partie
de son identité dans une obscure sensation de nostalgie, la saudade, ‘ un mal dont on jouit, un
bonheur dont on souffre ‘.
L’étymologie de la saudade renvoie à l’idée de solitude. Le mot apparaît au moment où les
Portugais _ jusqu’alors plus proches de la Castille que des vastes océans _ se mettent à courir le
monde à la recherche du paradis perdu, des épices et de l’or. L’absence de la personne aimée,
l’éloignement du terroir renforcent le lyrisme auquel sont enclins les Lusitaniens. Avec Les Lusiades, le grand poète Luis de Camoens (1524-1580), que d’incessants voyages aux Indes, en Afrique, en
Extrême-Orient ont familiarisé avec cette étrange sensation de manque et d’absence, ancre le
Portugal dans son destin.
Puis le Brésil conçoit sa propre définition de la saudade. Plus personnalisée, plus fortement ancrée
dans le désir et la jouissance d’une proximité possible, elle a produit là-bas la bossa-nova, et avant,
dans les années 30, le mouvement artistique ‘ anthropophagiste ‘ (prendre partout où cela est
possible et recracher le tout après masticage et digestion). Une manière de réintégrer ‘ l’objet initial ‘
au coeur même du manque : en soi.
Continent de musiques, continent métaphysique, continent de vie : tel est le monde lusophone.
PROGRAMMATION FOLISBOA 2015
VENDREDI 26 JUIN 2015
GRAND REX – 20h
RODRIGO LEÃO
MARIZA
REX CLUB – 00h
AUTOMATIK meets FOLISBOA
THE ADVENT (live)
GLOVE b2b JOEL CAMPOS
A. PAUL
DJ TONIO
SAMEDI 27 JUIN 2015
GRAND REX – 19h
RIVIÈRE NOIRE
LURA
BONGA
LENINE
DIMANCHE 28 JUIN 2015
GRAND REX – 17h
CARMINHO
CAMANÉ
ANA MOURA
CARLOS DO CARMO