Photos ©Mario Cantarinha et ©Antoine Coixao
Après avoir été accueilli par Artur Silva sur Radio Alfa dans l’excellente émission « Passage à niveau » le dimanche 17 mai, j’ai présenté mon livre « Mon père ce héros, Petite histoire de l’immigration portugaise » au Consulat du Portugal à Paris, le jeudi 21 mai 2015. Une date à marquer d’une pierre blanche tant ce fut pour moi un moment fort et extrêmement émouvant. Je revoyais mon père, deux ans en arrière, venir en ce lieu pour effectuer une démarche administrative, son doux et éternel sourire aux lèvres. Après une chute sur la tête, il avait passé plusieurs mois à l’hôpital. Puis, les médecins lui ont demandé de partir, parce qu’il allait mieux. Il mourra deux mois plus tard, des suites d’une nouvelle chute.
La belle salle Eça de Queirós était pleine à craquer et j’ai eu la bonne surprise de rencontrer quelques amis, comme Leocádia, Elisabeth, Humberto, Fernand et Rosa.
Il y avait également dans la salle, le député Paulo Pisco, qui s’était déplacé tout spécialement pour assister à cet événement, Carlos Pereira, le directeur du LusoJornal, Aurélio Pinto, le responsable de la section parisienne du PS portugais, toujours aussi pertinent, l’acteur Eduardo Galhós, mon frère Jean-Paul, sa femme et ses enfants, toujours fidèles au poste, et puis de nombreuses personnes qui sont venues parce que cette histoire les touche.
Monsieur le consul, Pedro Lourtie, a commencé par saluer les deux personnes qui m’ont fait l’honneur de présenter le livre avec moi, Maria Fernanda Pinto et Manuel do Nascimento, deux amis, deux grands défenseurs et connaisseurs de la culture et de l’histoire du Portugal, puis, il m’a présenté et il a souligné la passion que j’ai pour tout ce qui touche au Portugal, et que j’exprime à travers mon blog. Pedro Lourtie a dit également que ce livre est un témoignage, qui rend hommage à un père, qu’il raconte l’émigration et l’immigration en France d’une famille portugaise à la fin des années 60, mais qu’il constitue aussi l’histoire de l’immigration portugaise en général.
Oui, Monsieur le consul, vous avez parfaitement résumé mon livre et quelle était mon intention en l’écrivant. « Mon père ce héros, Petite histoire de l’immigration portugaise » est effectivement un livre témoignage, légèrement romancé pour mieux raconter cette histoire, pour en faciliter la lecture, qui est basé sur des faits réels (témoignages recueillis auprès de ma mère, le mien, à partir de nombreuses lectures et documentaires…). C’est une histoire personnelle et individuelle teintée d’universalité, les gens de la même génération ayant vécu des choses similaires, ayant enduré la même souffrance de l’exil, le même déchirement, la saudade dans tout ce qu’elle a de fort et de dramatique.
Le livre nous replonge dans les années 60. Il raconte ce terrible premier voyage entre le Portugal et la France, a salto, clandestin, la vie dans le village avant de partir, le contexte historique et social (la guerre coloniale, la dictature, la pauvreté), la folie et la frénésie de l’émigration, l’envie de partir quel que soit le prix à payer, la difficile et angoissante traversée de la frontière espagnole, l’arrivée en France, dans le bidonville, aux portes de Paris, aux portes de la société française, dans un monde parallèle, la vie dans le bidonville, c’était (presque) comme au village, la dureté du travail, l’arrivée des femmes et des enfants, le rêve du départ, gagner suffisamment d’argent pour acheter une maison, pour l’agrandir, l’entrée à école, le début de la fin, l’acculturation, l’assimilation, l’intégration dans la société française, la désintégration de la culture portugaise, la perte de la langue, le cycle des vacances au Portugal, le provisoire qui devient petit à petit le définitif, la saudade qui nous ronge de l’intérieur, le vide qui s’installe, l’idée du retour au Portugal qui s’éloigne de plus en plus, jusqu’à disparaître, toute une vie condamnée à voyager entre le rêve et la réalité.