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ISABEL MEYRELLES, UNE ANTHOLOGIE DU SURRÉALISME, Par Maria Fernanda Pinto

Isabel Meyrelles a publié une première Anthologie de la Poésie Portugaise do XII ème au XX ème siècle, chez Gallimard en 1971. Son intérêt pour le surréalisme est né de façon bizarre en 1948 ou 49, au Portugal, quand elle a exposé six statuettes lors de la 4ème Exposition Générale des Arts Plastiques, où l’on pouvait exposer sans le contrôle suspicieux de la PIDE (police politique de la dictature portugaise).
Isabel Meyrelles nous raconte: “j’avais été quelques années auparavant hantée par le souvenir obsédant de la gestuelle de la grande violoniste Ginette Neveu et j’ai éprouvé le besoin urgent de transposer cette gestuelle incomparable, disons que c’était de l’art brut par ignorance (j’étais très jeune à l’époque). J’ai reçu quelques jours plus tard une lettre dans laquelle était écrit «nous n’avons pas aimé» signée Les surréalistes. J’ai pris contact avec Mário Césariny pour lui expliquer ma démarche. Après une longue conversation, nous sommes devenus amis. C’est plus tard, continue Isabel, que j’ai fait la connaissance des autres membres du groupe que j’ai peu fréquentés à cause de leur misogynie à mon égard. Mais Mário Césariny, Artur do Cruzeiro Seixas et António Paulo Tomás n’étaient pas misogynes et nous avions de multiples affinités. Nous allions souvent à la plage de Caparica où l’un d’entre eux avait découvert un vieux pêcheur qui habitait au bord de la plage et nous louait une pièce délabrée où nous logions tous les quatre. Le pêcheur nous donnait du poisson que nous faisions cuire sur un barbecue improvisé, alimenté par le bois flotté que nous trouvions à marée basse. Ce qui nous animait tous les quatre c’était cette soif de liberté que nous pouvions vivre pleinement sur cette plage déserte. Cruzeiro Seixas qui n’a jamais su nager se jetait intrépidement dans les vagues sans notion du danger que cette mer représentait, je le surveillait toujours du coin de l’œil et j’allais souvent le tirer d’un mauvais pas. Pour nous, la vie, l’air de la mer tout était féerique. J’étais conquise par la créativité poétique de Mario Cesariny et par l’imaginaire d’Artur do Cruzeiro Seixas dans l’exécution de ses dessins.
De cette amitié, longtemps après, à Paris, j’ai eu l’envie de rassembler des poètes surréalistes que je connaissais pour la plupart et faire cette Anthologie qui a grossi au fur et à mesure des années, mais son odyssée est digne d’être racontée. Elle a été commandée par une Fondation, puis refusée un an plus tard par le nouveau directeur de la même Fondation, puis présentée à trois autres Fondations qui l’ont acceptée successivement, sans toutefois donner une réponse concrète. Deux de ces Fondations ont égaré le manuscrit (qui pesait son poids!). Peut-on parler de mauvais œil?
Un jour, j’en parle tout à fait par hasard à Carlos Cabral Nunes, directeur de la Perve Galeria dans laquelle j’exposais à ce moment là et qui, comme moi, est un passionné de Surréalisme. À ma grande surprise il a accepté de publier cet énorme ouvrage. Enfin, au bout de trente ans ou plus, mon œuvre allait finalement voir le jour par les soins de la Perve Galeria.”


Anthologie du Surréalisme (1er des 4 volumes du livre-objet)
Édition artistique, bilingue (portugais-français), œuvre monumentale d’Isabel Meyrelles, consacrée à l’œuvre poétique et plastique des Surréalistes, qui a engagé plus de 30 ans de recherche et traduction intenses. Tirage à 200 exemplaires, signés et numérotés par les auteurs, enrichis d’un ensemble artistique considérable.

Sérigraphies de: Carlos Clavez, Artur do Cruzeiro Seixas, António Maria Lisboa, Carlos Eurico da Costa, Alves dos Santos, Henrique Risques Pereira, Mário Césarinny de Vasconcellos, Mário Henrique Leiria, Pedro Oom
Notes de António Cândido Franco
Présentation de Jean Clarence Lambert (surréaliste français)

Publiée par la «Perve Galeria» et «Casa da Liberdade»
Rua das Escolas Gerais,n.° 13 1110 – 218, Lisboa
telephone:218822607/8
[email protected]
www.pervegaleria.eu

Article :
“Poétiques Pós-Pessoa et ses dérivations au Portugal”,
par Maria Fernanda Pinto,
publié dans le LusoJornal n°200 du 7/01/2015


Maria Fernanda Pinto et Isabel Meyrelles (Consulat du Portugal – 7/05/2015)

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