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ARCHITECTURE

LA CHAUSSÉE À LA PORTUGAISE [A CALÇADA PORTUGUESA] – L’UN DES SYMBOLES CULTURELS DU PORTUGAL

Au même titre que le Fado, les azulejos et le style manuélin, la chaussée à la portugaise (a calçada portuguesa) est l’un des symboles culturels du Portugal. Bien plus que de simples trottoirs, ce sont de véritables œuvres d’art qui sont exécutées par des artistes, les “calceteiros”. Ces pavés si typiques, dont les motifs évoquent souvent l’âge d’or des découvertes portugaises, sont relativement récents puisqu’ils ne datent que du XIXe siècle. C’est l’ingénieur militaire Eusébio Furtado qui a l’idée, plutôt innovante pour l’époque, de poser de petits pavés noirs et blancs, en zigzag, dans la forteresse et autour du château Saint Georges. En 1848, son projet de paver de la même façon la Place du Rossio est approuvé. Au bout de 323 jours, 8712 mètres carrés de petites pierres cubiques sont ainsi posées sur cette élégante place, avec des dessins qui rendent hommage aux Grandes Découvertes Portugaises et à la mer (des vagues, des ancres, des poissons…). C’est un succès retentissant. A tel point que très rapidement cette technique de décoration de la chaussée se propage à d’autres quartiers de la ville de Lisbonne, puis à d’autres villes du pays et de l’ancien empire colonial.
Partout dans le monde, la chaussée a différentes couleurs et dessins géométriques. A l’origine, la matière première était le basalte. Mais comme sa taille était difficile, on a préféré utiliser le calcaire. C’est ainsi que plusieurs exploitations sont apparues aux alentours de Lisbonne. Actuellement, les principaux locaux d’extraction se situent dans la région de Leiria et Santarém, et sur la côte de l’Algarve. Noirs, gris clairs, rose et blancs, les calcaires permettent d’obtenir différentes formes. D’ordinaire d’apparence lisse et brillante, la pierre est plus scintillante les jours de pluie, et parfois glissante. Une caractéristique qui ne plait pas à tout le monde et qui est venue se glisser dans les âpres discussions entre politiques et partenaires sociaux, entre ceux qui veulent changer de technique de pavement et ceux qui défendent que ce patrimoine historique doit être préservé.
Aujourd’hui menacé par la rigueur budgétaire au Portugal, cet art unique se perpétue dans d’autres villes à travers le monde, dont l’histoire a été marquée par la culture portugaise. Du Brésil au Cap-Vert ou du Timor oriental au Canada, où réside une importante communauté portugaise, des chaussées artistiques, conçues selon la technique lisboète, ornent des villes des quatre coins du monde.
FARO111


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