Altina Ribeiro est née à São Vicente da Raia, un village situé au Nord-Est du Portugal, qu’elle a quitté avec sa famille à la fin des années 60 pour rejoindre la France. Plus de trente ans après son exil, l’envie de raconter son histoire grandit en elle. C’est ainsi que son autobiographie « Le fado pour seul bagage » est publiée en 2005.
Dans ce livre, l’auteur partage avec nous le récit d’une aventure personnelle à travers une histoire collective. Elle raconte sa vie dans un Portugal rural au temps de la dictature de Salazar, son enfance dans un petit village du Nord-Est du pays, près de la frontière espagnole, l’immigration clandestine de son père en 1963, la vie au village sans lui, l’immigration, également clandestine, du reste de la famille en 1969, l’arrivée en France, le choc culturel entre un Portugal rural et la métropole parisienne, la différence aussi entre l’éducation portugaise et la vie moderne française.
Le livre est imprimé à nouveau en 2011 par les éditions « La voix au chat libre », en une version poche et une illustrée, la première étant épuisée.
Altina Ribeiro a traduit ce premier ouvrage en portugais qui est sorti sous le titre « De São Vicente a Paris » en décembre 2012 en France et en juillet 2013 au Portugal.
Extraits :
La population du Portugal était essentiellement rurale. Dans les années soixante, l’industrie n’était développée qu’autour des grandes villes. La majorité des gens, et nous en faisions partie, vivait de l’agriculture. Il n’y avait dans notre région que de petites propriétés au rendement trop faible. Une partie de la récolte servait pour les besoins de la famille. Ce qui n’était pas consommé était vendu et, grâce à l’argent si durement gagné, nous pouvions acheter ce que nous ne cultivions pas. Si la récolte était bonne, nous avions plus de chances d’avoir une robe neuve ou une paire de chaussures.
La société était bloquée et la situation sans issue ; les classes défavorisées n’avaient pas d’espoir. Beaucoup de jeunes, refusant de remplir l’obligation militaire, décidèrent de quitter le pays. Ils espéraient échapper ainsi à l’uniforme et à la pauvreté. C’est ainsi qu’au début des années soixante, des centaines de milliers de Portugais, renouant avec leur histoire qui, des siècles auparavant, les avait fait partir pour de grandes découvertes, quittèrent le pays avec le fado pour seul bagage.
En ce début de printemps, il faisait encore froid et les conditions de passage au travers des montagnes étaient terribles. Chaque jour qui passait apportait son lot de souffrances. Les réserves de nourriture n’étaient pas suffisantes. La pluie, la neige rendaient leur chemin encore plus pénible. Les hommes étaient épuisés. Ils tombaient, avaient peine à se relever. Ils étaient conduits par des passeurs qui, tantôt leur demandaient de monter dans des camions au milieu des animaux pour les cacher, tantôt leur faisaient reprendre le chemin à pied.
Une troupe de théâtre amateur s’est intéressée à cet ouvrage et Suzana Joaquim, qui dirige la troupe « Os sugos », l’a mise en scène. Elle fut jouée à de nombreuses reprises en région parisienne et notamment, à Fontenay-sous-Bois, Pontault-Combault, Ozoir la Ferrière, au Lycée International Balzac, à la médiathèque de Drancy, au centre culturel Georges Pompidou à Vincennes et au théâtre de Neuilly, et au sein de diverses associations.
Une nouvelle adaptation théâtrale est proposée et la première aura lieu au théâtre de Neuilly-sur-Seine le samedi 18 octobre 2014 à 21 h. La pièce sera jouée dans plusieurs théâtres de la région parisienne.