L’émission « Sur les Docks », qui sera diffusée aujourd’hui à 17 heures sur France Culture, s’intitule « Portugal à Paris ». Ce documentaire d’Olivier Chaumelle et Diphy Mariani (avec une prise de son de Marcos Darras), trace le portrait des Portugais de France.
« Le quartier Plaisance, dans le sud et l’ouest du XIVème arrondissement, apporte parfois à l’oreille, au nez et à la bouche des sensations très voisines de celles qu’on aurait en se baladant entre Porto et la frontière galicienne, la proximité de l’Atlantique en moins. Le quartier regorge d’associations portugaises. Les bistrots et restaurants sont également nombreux, où on parle portugais plutôt fort. Depuis les années 50 jusqu’à la chute de la dictature en 1974, des centaines de milliers de Portugais gagnèrent la France, via l’Espagne franquiste et au prix de grands périls, s’entassèrent à Nanterre ou à Champigny dans les bidonvilles, construisirent des routes, des ponts, des immeubles. Les épouses et les enfants suivirent quelques mois plus tard. Ceux du XIVème ont évidemment connu cette même histoire. Eux ou leurs parents. Ce qui les caractérise, c’est qu’ils viennent presque tous de l’extrême nord du pays, Trás-os-Montes et Minho. Les migrants partaient avec en poche l’adresse d’un voisin ou cousin qui avait tenté l’aventure de l’exil avant eux, et ils s’installaient non loin de chez ces derniers. Dans la débine, on se regroupe par affinités, voire en famille. L’idée première, pour beaucoup, était de gagner de l’argent et de retourner au Portugal. Mais après quelques dizaines d’années passées ici, la question se pose différemment : les enfants sont Français, Parisiens, leur histoire est ici, et ce serait un nouveau déchirement que de les laisser ici, trente, quarante ou cinquante ans après avoir laissé les parents au pays. »
Avec : Cesar Bandeira, Anita De Souza, Agostino Dos Prazeres, Armando Fernández, Hermano Sanches, Monica Sequeiro.
Avant de lancer le reportage qui trace le portrait de quelques Portugais de France vivant à Paris, la journaliste Irène OMELIANENKO a lu un extrait de mon livre MON PÈRE CE HÉROS, PETITE HISTOIRE DE L’IMMIGRATION PORTUGAISE qui parle de l’exil et de la saudade de l’immigré :
J’ai le mal du pays. J’ai beau entendre parler notre langue autour de moi. J’ai beau lire les journaux portugais. J’ai beau manger comme au Portugal. Je ne suis pas au Portugal. Mon village me manque. L’absence de ma famille se fait sentir de plus en plus. Rien ne permet de remplir ce vide. Ni les pensées, ni les photos, ni les souvenirs. Pas même l’espoir de les revoir un jour. Ah la saudade de l’immigré ! A peine parti, on regrette déjà d’être parti. Mon pays semble déjà si lointain. Ma famille me manque déjà terriblement. Le temps passe. Inexorablement. Le vide s’installe en nous. Un vide que rien n’arrive à combler. Pas même le sourire sur une photo de ceux que j’aime. Pas même une chanson qui sonne comme à la maison. Pas même mes voisins d’infortune avec qui je parle dans ma langue maternelle comme si j’étais au pays. Mais je ne suis pas au pays. Je n’entends jamais vos rires. Je n’éponge jamais vos pleurs. Je ne suis rien sans vous. Je vous aime plus que tout et je ne peux pas vous le dire en face. Venez vite me rejoindre.
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