Dans ce très beau « Fado português », dont on doit la musique à Alain Oulman et les paroles à José Régio et Javier Tamames, la grande Amália Rodrigues chante le Fado. Ses origines sont nombreuses et controversées. Il vient peut-être du Lundum brésilien (mélange de rythmiques noires importées par les esclaves africains) ou de la modinha (musique de cour portugaise), des joutes oratoires des troubadours, des chants arabes et juifs… Les Portugais préfèrent l’idée selon laquelle, le fado, ce chant profond du manque, a été colporté par les marins au long cours. Il semble que ce soit un peu tout cela à la fois. Plus qu’un chant, c’est une complainte qui interroge un destin contre lequel on ne peut rien. Le terme « fado » est d’ailleurs issu du latin fatum (l’inéluctable destin). L’amour inaccompli, la jalousie, la nostalgie des morts et du passé, la difficulté à vivre, le chagrin, l’exil… en sont les thèmes récurrents.
O Fado nasceu um dia,
quando o vento mal bulia
e o céu o mar prolongava,
na amurada dum veleiro,
no peito dum marinheiro
que, estando triste, cantava,
que, estando triste, cantava.