Nathalie, dans la biographie publiée sur votre blog www.nathaliedeoliveira.fr, on y découvre votre parcours avec grand intérêt. Ainsi, on apprend que la fille d’immigrés portugais arrivés en France à la fin des années 60, est née à Metz et considère son histoire comme une « histoire française ». Après avoir connu « une enfance urbaine », dans le quartier Outre-Seille et fréquenté l’école du métissage issue de l’immigration, vous devenez étudiante en Relations Internationales dans votre ville natale avant d’obtenir un D.E.S.S. en droit international public à la Sorbonne, qui vous permettra de continuer à pratiquer six langues européennes au cours de vos études, stages puis des missions successives pour les institutions internationales européennes et en particulier pour la Commission européenne. En 2007, vous adhérez au PS français que vous accompagniez de près depuis 2004. Vous vouez une profonde admiration pour certains intellectuels engagés dans leur temps, comme le résistant socialiste portugais Manuel Alegre, et pour des socialistes de France comme Catherine Trautmann, notamment pour son combat irréprochable pour l’Europe, sans oublier Vincent Peillon dont vous dites « qu’il a hérité d’une côte de Jean Jaurès ». Remarquée par le PS portugais, lors d’un colloque universitaire sur les Communautés portugaises, avant le deuxième tour victorieux du 16 mars 2008, vous décidez de militer dans les deux pays qui sont les vôtres. Dès votre élection au Conseil municipal de Metz, vous créez la section du Parti Socialiste Portugais (PSP) dans votre ville, ce qui vous permet de siéger d’abord au Conseil national du PS portugais puis, au Bureau national du PSP, à l’arrivée de António José Seguro afin « d’injecter plus de débat sur les politiques publiques dirigées à la diaspora portugaise mais, surtout, de militer de façon concrètement européenne ».
En 2014, le PS dément tous les sondages nationaux et, contre tous les vents mauvais, est réélu à Metz le 30 mars dernier. Vous devenez adjointe au Maire, sur des missions résolument au service de tous, au cœur du quotidien des Messins, à leur écoute, dans le souci d’une démocratie apaisée et innovante, présente dans la vie de chacun car vous confiez « offrir un service public de haute qualité facilite la conquête d’une citoyenneté plus vivante et affirmée».
Actuellement, vous vous occupez tout particulièrement de la préparation des élections européennes, comment cela se passe-t-il ?
“Acredite que está a correr tudo bem! Mas isso não diz nada ainda acerca do resultado…”
En tant que Responsable du Services Élections de la Ville de Metz, entre autres, la préparation du 25 mai 2014 a exigé de « mes Services » un travail minutieux pour la bonne tenue des 72 bureaux de votes qui seront ouverts de 8h à 20h. Nous avons, ainsi, décidé de fermer les bureaux de vote messins plus tardivement pour permettre à nos concitoyens, nombreux réunis en famille pour fêter leurs mamans, ce jour-là, de voter jusqu’à 20h. Le répit a donc été court pour continuer l’effort de démocratie en cette veille d’une seconde séquence électorale, afin de redonner au Parlement européen de nouveaux parlementaires, 751 pour être exact. Bien entendu, je suis engagée sur le terrain, aux côtés de la liste PS du Grand Est, en tant que militante socialiste et colistière d’Édouard Martin et de Catherine Trautmann, nos têtes de liste. Ce temps de campagne, trop elliptique en France, mais d’une importance capitale, constitue un privilège pour ceux qui aiment l’Europe. Il faut défendre les valeurs de paix, d’égalité et de solidarité, au moment même où des voix de haine de l’autre, du voisin, de l’immigré, se font à nouveau plus que remarquer pour entrer, en force, dans la tête des citoyens avec des arguments fallacieux et détestables car ils mettent en péril nos droits fondamentaux. Ces mêmes voix disaient, dans les années 70, que les maçons portugais allaient leur voler leur travail. Il est de notre devoir de les combattre sous peine de connaître le pire ! L’Europe est une chance et non un problème. L’Europe est un espace de libertés et de progrès qui a vocation à s’affirmer davantage comme tel, pour ses peuples et non pour les marchandises et les capitaux qui y circulent, à condition d’approfondir le processus d’intégration politique. Ceux qui sont candidats à faire sa perte, c’est-à-dire, sortir de l’UE, sortir de la Zone Euro, rétablir des frontières et faire de la préférence nationale feront sortir inéluctablement l’Europe des radars du monde. Notre projet est celui d’une haute civilisation où les personnes reviennent au cœur de la mécanique institutionnelle. Un destin commun pareil doit être protégé de la démence nationaliste. Cela relève de la responsabilité de tous, sans démagogie aucune, à Metz comme à travers tout le continent européen. Les citoyens ont en conscience mais se sentent éloignés et inutiles au projet européen. En France, les Portugais forment la « communauté électorale » la plus inscrite sur les listes parmi les ressortissants de l’Union européenne. Depuis le droit de vote aux élections locales et européennes (2001), les inscriptions n’ont cessé d’augmenter comme les candidats, rares en 2001 et nombreux aujourd’hui. Preuve que les Portugais se sentent européens plus facilement que d’autres concitoyens. Mon travail de militante a largement été accompagné et reconnu par cette force de participation croissante !
Nathalie, votre histoire, que vous voyez très « française », est celle d’une fille d’immigrés pour qui « l’ascenseur social a fonctionné ». En tant que Portugais de France, je suis très fier lorsque je vois mes compatriotes réussir et arriver au plus haut niveau de l’Etat et représenter ainsi, directement ou indirectement, la communauté portugaise. Comment expliquez-vous cette visibilité de plus en plus grande des représentants de la Communauté Portugaise ?
A mon sens, cela s’explique par le fait que les Portugais, présents depuis le début de XXème siècle en France et, plus massivement, à partir des années soixante sont entrés dans une phase que les sociologues spécialistes de l’immigration appellent « légitimation ». Après une vie entière de labeur et nous savons les sacrifices des primo-arrivants, y compris mes parents, a cependant, complètement structuré leurs vies, au détriment de tout autre possibilité d’émancipation. Le travail à la mine, à l’usine, sur les chantiers, pour les hommes et, essentiellement, le ménage pour les femmes, aussi ingrat que tous l’ont connu, a été un moyen de mériter une vie digne, meilleure qu’au Portugal autant qu’un but en soi. Les témoignages très actuels nous ramènent, après le voyage du Salto, au travail, au travail, au travail ! Je dirais que l’invisibilité des Portugais de France a fini par être mise à mal, finalement par eux-mêmes ! D’abord, par les primo-arrivants qui ont conquis leurs lettres de noblesses : discrétion absolue « não dar nas vistas », respect du droit et des règles du pays d’accueil, la France et quelques autres d’Europe : Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Suisse pour ne citer que les plus importants, à tel point que mêmes victimes réelles de patrons véreux ou autres espèces cupides et malveillantes, rares sont ceux qui ont adressé une requête à un tribunal, au cours de leur existence. Invisibles depuis leurs premiers pas clandestins sur le sol français et tout au long des 30 Glorieuses, pour établir une confusion majeure avec une intégration réussie et cela n’est pas exact ! Ils ont eu le mérite de se fondre et s’assimiler, dans le respect du modèle d’assimilation à la française, autant que d’aimer la France et de lui vouer une reconnaissance aussi immense que pudique. La seconde génération s’est affirmée, en même temps que la grandeur de leurs parents, grands-parents ou aïeuls. Certains sont restés ouvriers, beaucoup sont devenus commerçants, sportifs, enseignants, artistes, entrepreneurs, fonctionnaires, militants, syndicalistes, députés ! Ils ont embrassé tous les corps de métiers possibles et apporté une « Portuguese Touch » là où ils vivent. Ils sont souvent double-nationaux, sans l’ombre d’un doute ou d’angoisse. Le sentiment de double appartenance est assumé, les vies socio-professionnelles les moins valorisantes valorisées et fièrement ! La Cage dorée, comme d’autres créations à destination d’un grand public a montré le degré de légitimation plus accompli pour les Portugais de France, mais il reste encore du chemin. « L’important est de bien faire son travail, quel qu’il soit », aiment-ils répéter. Aujourd’hui, ces invisibles osent désormais se montrer, se raconter et revendiquer le morceau de reconnaissance qui leur revient d’ici et de là-bas. Il y a, donc, de quoi être fier et je suis convaincue que la visibilité des Portugais de France continuera de s’épanouir dans les années à venir, surtout, grâce à eux-mêmes.
Il y a quelques années, l’essayiste et philosophe portugais Eduardo Lourenço prédisait que le Portugal, qui a longtemps tourné le dos à l’Europe de par son orientation océanique, allait devenir le plus européen de l’Europe. La prédiction s’est-elle réalisée ? Qu’en est-il des Portugais de France et de l’Europe ?
L’histoire entière du peuple portugais est une aventure sans fin. Peuple marin, voyageur, dont les côtes sévères, à bien des endroits, sont cognées sans gêne, par l’océan atlantique, laisse découvrir un peuple qui se retrouve coincé entre la mer et le temps, alternant son regard vers l’océan d’un côté et la terre d’Europe de l’autre. Si le Portugal a cédé à l’appel de l’océan dans le respect du but de ses aïeuls : trouver ou retrouver le Monde nouveau. Chose accomplie, au XVIème siècle, mais sans jamais vraiment guérir du voyage. Viriate n’a pas vaincu l’Empire romain, Luís de Camões nous aura donné Les Lusiades, mutilé et misérable pour mourir sans reconnaissance. D’autres héros de la mer seront fêtés dignement par les vers ou la prose de Manuel Alegre dès l’épopée de Gilgamesh, Roi d’Ourouk, il y a même plus de 35 siècles ! Ce héros de Babylone partit à la recherche universelle du secret de l’immortalité et sera, finalement, privé de la plante miraculeuse pour vivre à jamais. Fernando Pessoa mis en vers leur grandeur, mais le Roi Sébastien ne reviendra jamais et nous sommes condamnés à chercher un roi caché à l’infini, en vérité, tué au combat, c’est-à-dire en poursuivant l’Idéal, un Monde nouveau, un destin nouveau. Si le Portugal a longtemps cédé à l’appel de l’immensité de l’océan, il n’a jamais renoncé à l’Europe. L’Europe est un élément de cet Idéal ! La prédiction d’Eduardo Lourenço était donc juste et je dirais qu’elle est simplement en cours de réalisation. Les temps qui courent sont ceux de l’immédiateté (les selfies comme arguments et preuves) mais il faut croire qu’une prédiction a besoin de temps pour se matérialiser. Le processus démocratique portugais est intrinsèquement lié à l’Europe. Il n’y a guère plus d’un mois, je l’ai écrit, d’ailleurs, en rappelant l’importance du 25 avril pour l’Europe de la paix et des libertés. Celle d’aujourd’hui doit beaucoup à cette nuit du 24 au 25 avril portugaise. Le Portugal en devenant une démocratie a réaffirmé le destin de l’Europe : faire advenir un monde plus conforme à nos valeurs humanistes, qui ne sont pas européennes, mais universelles : liberté, égalité, solidarité, droits de l’Homme, souveraineté populaire, laïcité, écologie. Je crois que les Portugais du Portugal et tous les autres de la diaspora, ceux de l’Europe, en tout particulier, en ont parfaitement conscience. Conscience d’être de ce monde, d’y vivre et de prendre part à son avenir, dans une large mesure, aux côtés des autres peuples d’Europe. Mon premier souvenir « politique », qui date de 1983, est lié à une conversation en famille pendant la veillée de Noël sur l’adhésion du Portugal aux Communautés européennes de l’époque et que je raconte dans la Préface du livre, Maria, Manuel et les autres de Isabel Mateus, en cours de traduction. « Les miens » comme tant d’autres ont choisi l’Europe, à ce moment-là. Ils auraient voté en faveur de ce projet unique au monde et signé le Traité de Rome en 1986 parce que « nous ne sommes pas étrangers, nous sommes européens et nous avons beaucoup à faire ensemble. Seuls, c’est impossible». Si le fait de s’affirmer européens les a protégés du racisme, ils sont des croyants de l’Europe et ont participé au mouvement « d’européanisation» en partageant leur vie d’un pays à l’autre. Ils sont des êtres politiques, capables de participer et de voter, comme tout le monde, à condition de savoir et comprendre ce qui est en question.
Voyez-vous une évolution significative dans l’intérêt qu’ils y portent, notamment en termes de participation aux élections ?
La question de la participation civique et politique des Portugais de France reste un enjeu majeur pour notre démocratie. Un demi-million de citoyens mono-nationaux portugais résidant en France, électeurs mais qui ne votent pas, c’est une anomalie grave. Il y a lieu de considérer également les dizaines de milliers de nouveaux arrivants, victimes de la crise financière et économique de 2008 qui résident désormais en France. Ils sont titulaires de droits qu’ils continuent d’ignorer, malgré des efforts incitant à la participation soignés et conséquents à destination de cette « cible fine », bien en amont de la séquence électorale. Oui, nous venons de vivre une évolution positive et significative de leur participation, en ce qui concerne les élections municipales. Sur les 492 mille électeurs portugais, nous n’avons pas encore les chiffres exacts consolidés mais nous savons que la progression des inscriptions est de l’ordre de 20% supplémentaires, ce qui devrait impacter à la hausse la participation.
L’avancée est réelle mais reste en deçà du souhaitable d’autant que les autres ressortissants de l’Union européenne s’y mettent. Les belges et les Britanniques ont bien voté et sont aussi candidats alors qu’ils sont bien moins nombreux que les résidants portugais. Les Portugais à Metz s’inscrivent dans cette nouvelle dynamique de participation. Ils n’étaient que quelques inscrits en 2001 pour dépasser la centaine aujourd’hui. Ils se sont plus inscrits sur la liste complémentaire des Européennes que la liste complémentaire des Municipales. Ici, leur participation a quasiment doublé entre 2008 et 2014. À noter une première, du côté portugais dans l’hexagone : un travail commun très important entre différents acteurs de la vie portugaise de France a bien eu lieu, sans rivalité aucune. De fait, plusieurs réunions se sont tenues au Consulat général du Portugal de Paris et d’autres villes, afin d’innover sur une proposition de campagne qui ne se résume pas à quelques mots institutionnels sur des supports que personne ne reçoit. La campagne « Qui vote, compte » est née et fera date étant donné les meilleurs résultats de participation. La presse lusophone de France a pris toute sa part dans la passation du message. Les réseaux sociaux, la radio, sans abandonner le papier : grandes affiches, petits flyers, pins et autres goodies à succès, auront eu le mérite de toucher et de gagner de nouveaux électeurs. Il faut citer le Portugal, en personne, via le Secrétariat d’État des Communautés portugaises, en ayant octroyé une aide financière valable pour l’avènement d’une communication plus élargie et professionnelle. Les Consulats généraux du Portugal se sont mobilisés sur l’information quant aux échéances électorales à présenter à ses usagers, sans mettre en cause le droit de réserve, les édiles de 2008 portugais, d’origine portugaise ou autres se sont impliqués sur le terrain, les entreprises diverses et variées, les commerces, les institutions bancaires, Internet, et le monde associatif qui compte un millier d’associations culturelles et sportives actives subventionnées, en pleine mutation. Tous ces acteurs ont endossé, sans hésitation et sans mal la responsabilité de cette nouvelle tâche. Aucun de ces acteurs ne s’est privé de prendre la parole non plus, en CA, lors d’une fête folklorique, avant un match de foot, à chaque fois que nécessaire, pour évoquer l’impératif de participation des leurs et de tous les autres. Si le terme d’invisibilité colle comme une étiquette cornée et vieillie au dos des Portugais de France, il ne correspond plus à la réalité. L’après 25 mai nous permettra de confirmer cette évolution significative, considérant les résultats des dernières élections du 31 mars 2014, encore non consolidés, pour choisir, enfin, un autre qualificatif plus positif sur la participation civique et politique des Portugais de France.
Nathalie, les Portugais ont une propension naturelle à émigrer et à se fondre dans la population d’accueil, tout en gardant des attaches très fortes avec leurs racines. Ils y arrivent tellement bien qu’ils en deviennent presque invisibles. Ce qui est une force en soi devient une faiblesse dans certains contextes. Pensez-vous que cet aspect de notre personnalité civique est en train de changer ?
Au cours des siècles de ce long voyage, sur terre et sur mer mais à l’intérieur d’eux-mêmes également, j’ai évoqué dans une réponse précédente cette blessure héritée des Lusiades et d’autres de nos épopées extraordinaires. Le Graal, l’Idéal n’a jamais la même forme, selon les siècles, le dernier siècle a poussé à l’exil pour revenir chargé de liberté, mais la quête reste essentielle. Celle-ci justifie de prendre la route ou la mer, de chercher, de trouver et de revenir au port d’origine, car personne jamais n’a pensé à abandonner le Portugal. Qu’est-ce qui est possible entre le départ et le retour ? Quel retour ? Dès lors, quel degré d’implication dans le pays d’accueil ? L’expérience de l’errance autant que l’aisance d’être chez soi, partout dans le monde, est une chance et une force incroyables pour nous, héritiers de ces migrants voyageurs et découvreurs, dans le monde complètement globalisée d’aujourd’hui. Plus que jamais !
Le Graal, pour mon père, les vôtres et tant d’autres, c’était le rêve français, une vie digne, la tête haute, pour contredire un premier statut d’invisibles de la naissance à la mort, aux yeux d’un dictateur qui n’avait d’yeux que pour lui-même. Partir signifiait devenir visibles. Honorer le pays d’origine, celui de l’accueil, qui a bien voulu de nous et lier l’un et l’autre au Projet européen. Ce qui me fait dire que le Salto, c’est-à-dire, l’immigration clandestine portugaise du XXème siècle, vers la France s’inscrit de façon noble dans l’histoire du Portugal comme de la France et non honteuse. Si celle-ci est un drame, à bien des égards, elle s’inscrit dans le génome migrant des Portugais néanmoins. La première invisibilité du pays d’origine n’a pas empêché, ainsi, une deuxième invisibilité, dans le pays d’accueil, qui tend à s’atténuer sérieusement. Attention, se fondre ne signifie pas s’annuler et si l’invisibilité des Portugais de France a été une réalité, les données d’analyse récentes, indiquent la fin de ce statut problématique.
Mon expérience âgée d’une petite décennie, y compris le peu de théorie écrite jusqu’à ce jour, liée aux Portugais de France et d’Europe, m’encourage à penser qu’ils ne sont pas différents d’autres citoyens du pays où ils résident. Je ne crois pas que nous puissions en dire autant des Polonais de Lorraine ou des asiatiques parisiens. Sait-on qui ils sont ? Leurs liens au pays d’origine et d’accueil ? Quel degré de participation ? La démocratie attire peu de vocation surtout lorsque celle-ci est apaisée et c’est le cas en France. C’est un triste constat mais celui-ci ne concerne pas seulement les Portugais de France, à pointer comme les cancres de la classe.
Il faut savoir que le droit de vote aux élections municipales et européennes pour les ressortissants européens est entré en vigueur en 2001. Aucune campagne de sensibilisation en cette année-là. La campagne de 2008 a marqué un moment plus positif avec non seulement une participation plus élevée des Portugais de France en comparaison à 2001 mais surtout, fait nouveau, plusieurs milliers d’élus portugais ou d’origine portugaise, installés dans l’enceinte des Conseils municipaux, donc des lieux de décision publique. La séquence de 2014 confirme cette dynamique ascendante, ce qui prouve que notre personnalité civique évolue, change et s’affirme avec plus de force, plus de constance, plus d’expressivité et, donc de visibilité nouvelle.
Le travail lié à la démocratie participative a rapproché les citoyens du processus de décision publique. Ici, un budget participatif d’un million d’euros est désormais entre les mains des Comités de quartier. A Metz, nous n’avons jamais eu autant d’associations actives et participatives y compris, l’Association culturelle portugaise, connues des Services compétents de la ville, mais nous n’avons pas vécu, à ce jour, un record d’affluence, le jour J d’un vote. S’engager n’est pas acte courant et banal, voter non plus, même si le suffrage universel direct, en France est plus que bicentenaire. Les citoyens le savent, les Portugais aussi. Pourtant, dès leur arrivée, ils se sont constitués en association pour perpétuer des traditions de danse et de musique qui datent des temps celtiques et de pratiques de sport pour ne pas s’isoler de l’espace public précisément. Le vivre ensemble n’a rien d’inconnu et ces espaces ont toujours été ouverts à tous. L’engagement civique des Portugais de France date de leur premiers mois de vie en France, donc, et s’est confirmé dans le travail associatif, à défaut de militer et de s’engager en politique. D’ailleurs, aucune autre communauté des ressortissants de l’UE n’est plus engagée qu’eux. A l’heure où je vous réponds, je ne connais pas le nombre d’élus portugais ou d’origine portugaise installés depuis le 30 mars 2014 dans les conseils municipaux français, qui amèneront nombre de leurs concitoyens dont les portugais à participer et à voter. Si leur engagement est entier et pugnace, passionné pour leur ville et la vie des autres, nul doute qu’ils réussiront à éveiller de l’intérêt envers la chose publique. Souhaitons que ces quelques phrases en gagnent quelques autres ! Ils ne sont pas uniquement des forces de travail mais des citoyens vivants qui aiment leur(s) pays et qui ont voix au chapitre, comme tous les autres. Cela doit simplement entrer dans les têtes, une fois pour toute ! Aux urnes citoyens !