Carlos, le LusoJornal fête cette année ses 10 ans d’existence. Quel bilan en tirez-vous ?
C’est un bilan extrêmement positif, même si, par ci et par là, nous avons connu des moments difficiles, parfois très difficiles. Nous avons un journal connu, reconnu par certains comme un des meilleurs journaux portugais édités dans la diaspora, c’est le journal le plus lu par les Portugais de France, avec plus de 40.000 lecteurs par semaine. C’est donc un bilan très positif. Mais il faut dire que ce «succès» ne me surprend pas. J’ai toujours cru en ce projet (même quand les autres n’y croyaient pas encore). Et je pense que la clé de la réussite d’un projet est justement ce petit «détail»: quand on y croit, on y arrivera!
Quel est votre parcours ?
Personnellement ? Je suis né à Vila Real et je suis parti aussitôt en Angola avec mes parents. Je suis retourné au Portugal quelques mois avant le 25 Avril 74. J’ai fait ma scolarité à Candedo, puis à Murça et ensuite à Mirandela. N’ayant pas eu de place dans une université portugaise, je suis venu à Paris, tout seul, pour étudier. Après ma Maitrise de Physique à l’Université de sciences de Paris Jussieu, j’ai trouvé un travail de quelques mois comme animateur socioculturel à la Coordination des Collectivités Portugaises de France (CCPF) mais j’y suis resté 10 ans! J’ai fait de la formation de dirigeants associatifs, j’ai créé le Festival de théâtre portugais en France et beaucoup d’autres projets. Je ne suis plus jamais retourné à la physique. Je suis passé 5 ans chez Marconi France, du groupe Portugal Telecom, en tant que responsable Marketing et Ventes et ensuite j’ai fondé LusoJornal en 2004, avec trois autres collègues.
Comment vous est venue l’idée de créer un tel journal ?
J’ai toujours écrit dans des journaux portugais en France. Donc, j’aimais ça. Et, en tant que responsable de marketing j’ai compris qu’il n’y avait pas de supports de communication pour que les nombreuses entreprises portugaises de France communiquent. Je regardais le Luxembourg – une «petite» Communauté d’un peu plus de 100.000 Portugais (10% des Portugais de France) – avaient un hebdo et nous, en France, nous n’en avions pas. Il fallait donc en créer un, car les autres journaux existants étaient tous des mensuels.
Parlez-moi un peu de votre équipe de journalistes. D’où viennent-ils ?
LusoJornal est un journal low-cost. Il vit en grande partie du bénévolat. Nous avons un petit noyau de journalistes (deux à plein temps et les autres en temps partial) et ensuite, nous avons un groupe d’une soixantaine de collaborateurs, éparpillés en France, dans plusieurs régions françaises. Nous avons donc une rédaction dématérialisée mais je garde un lien avec tout le monde à partir de mon ordinateur et de mon téléphone. Dans le «noyau dur» certains ont la carte de presse française (c’est mon cas), d’autres ont la carte de presse portugaise. Ceci a l’air d’être un détail mais ça n’en est pas un. Certains journaux se font actuellement sans aucun journaliste dans l’équipe!!!
Sont-ils animés par la même passion pour tout ce qui touche au Portugal ?
Pour être collaborateur du LusoJornal il faut plus que d’avoir une passion pour le Portugal: il faut avoir une passion pour les Portugais de France. C’est là le sujet de notre ligne éditoriale. Nous ne parlons que des Portugais de France. Et c’est justement ce dont les autres journaux ne parlent pas, ni les journaux français, ni les journaux portugais du Portugal.
Comment sont choisis les sujets ? L’actualité ? Les envies de chacun ?
C’est un peu tout ça. L’actualité est toujours importante à suivre. Et là, nous devons être réactifs. Quand il y a une information, nous devons la couvrir. Mais il y a aussi l’envie de chacun. Et là, c’est le fait d’avoir beaucoup de collaborateurs qui est enrichissant. Chacun a des «envies» différentes. Cela enrichit notre projet. C’est beaucoup plus facile de faire un journal tout seul! Croyez-moi. Mais ça serait tellement plus pauvre, car nous n’aurions qu’une vision de la société, alors que dans LusoJornal vous avez plusieurs visions de la société.
Quelles sont les grandes orientations thématiques ?
LusoJornal est et restera un journal d’information locale sur les lusophones de France et sur les liens entre nos deux pays. Ce qui se passe au Portugal est bien traité par la presse portugaise, ce qui se passe en France est bien traité par la presse française. Donc, dans ces deux domaines, nous, un petit journal sans moyens, ne ferait pas la différence. Nous n’aurions aucun intérêt. Mais, nous sommes les seuls à parler des Portugais de France, à montrer les valeurs de cette Communauté (qui n’en est pas une),… si ce n’est pas LusoJornal, beaucoup de Portugais ne connaitraient pas les deux Députés élus par l’émigration; si ce n’est pas LusoJornal, vous ne saviez pas des exploits du Sporting Club de Paris Futsal, de l’inauguration de la Maison du Portugal à Dijon, du Palmarès des 50 plus grandes entreprises «portugaises» de France,… Là, nous sommes les seuls. Donc, là, nous pouvons être bons! Pardon pour la modestie.
Comment voyez-vous l’avenir du LusoJornal, en termes d’évolutions thématiques ou matérielles ?
Ça sera toujours un projet difficile, mais il a de l’avenir. Nous avons de plus en plus d’informations, mais il sera difficile de faire un journal avec plus de pages. Car nous faisons LusoJornal gratuitement et en plus nous payons le transport jusqu’au destinataire. Mais, s’il y a plus d’un million de Portugais en France et si nous n’avons que 40.000 lecteurs, imaginez le potentiel que nous avons encore devant nous. L’internet reste un des outils de croissance les plus intéressants. D’ailleurs, je suis persuadé que le nombre de lecteurs par internet est déjà plus du double que celui des lecteurs sur papier. Il faut donc continuer. Nous avons placé la barre très haute. Nous devons maintenant la garder là haut, en faisant un travail sérieux, équilibré, en étant partout, en diversifiant l’information, et surtout… en faisant un travail avec de la passion! J’espère aussi que d’autres bénévoles vont se joindre à nous, ne serait-ce pour écrire un article par mois, mais cela rendra notre projet beaucoup plus riche.
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