Dans les années 60, des centaines de milliers de Portugais ont émigré en France pour fuir la misère et la guerre. Ils se sont retrouvés parqués dans des bidonvilles, vivant dans des conditions inhumaines. De nombreuses chansons portugaises ont accompagné les immigrés pendant cette période difficile. Ce qu’on écoutait le plus dans les baraques pour tuer la saudade, c’est la musique populaire portugaise et bien-sûr le Fado, ce style musical emblématique du Portugal, ce chant mélancolique qui coule dans nos veines, qui nous prend aux tripes et qui nous fait vibrer dès les premières notes de musique. Les accords plaintifs de la guitare portugaise résonnaient aux quatre coins du bidonville et faisaient écho aux sanglots étouffés de dizaines de milliers d’hommes qui avaient laissé leur famille au loin dans un état d’abandon affectif.

L’autre jour, j’ai acheté au marché un petit tourne-disque à piles et des disques. Ça me fait du bien d’écouter de la musique portugaise. En ce moment, il y a une chanson que j’écoute toute la journée, O Emigrante, L’Émigré. Elle me fait pleurer comme un enfant. Ah cette putain de saudade…

(Extrait du livre « Mon Père, Ce Héros – Petite Histoire de l’Immigration Portugaise » – Editions lulu.com)