Victor Pereira présente son ouvrage « La dictature de Salazar face à l’émigration, l’Etat portugais et ses migrants en France (1957-1974) » paru le 25 octobre 2012 aux éditions Presses de Sciences Po.

De 1957 à 1974, près d’un million de Portugais migrent vers la France. Cette étude montre comment la dictature salazariste s’organise alors pour conserver des liens avec ses ressortissants et les surveiller tout en devant articuler cet exode massif avec les débats qui ont cours en son sein sur la modernisation économique et sociale et le maintien de l’Empire.

De 1957 à 1974, quelque 900 000 Portugais émigrent en France, dont plus de la moitié irrégulièrement. En 1975, la population portugaise de l’Hexagone atteint 750 000 personnes, formant la première communauté étrangère en France. Plus vieille dictature de droite en Europe, le Portugal de Salazar redoute les effets de la modernité, protège le pays des influences étrangères, résiste aux « vents du changement » qui se lèvent en Afrique et se referme sur lui-même. L’émigration, par son ampleur (10 % de la population), va devenir un défi pour le régime. Pour se maintenir au pouvoir, la dictature portugaise organise une politique d’émigration duplice et inefficace qui sert ses intérêts politiques, économiques, financiers et militaires. Elle empêche la population d’émigrer légalement et la contraint à la clandestinité en France. Pourtant, c’est en contournant l’État que les migrants pourront s’offrir de meilleures conditions de vie, contribuant activement à la modernisation, à la démocratisation et à l’européanisation « par le bas » du Portugal, à rebours d’une vision élitiste. Une histoire inédite et très documentée des migrants et des politiques de migration portugaises.