La morna est la musique emblématique du Cap-Vert. Et, comme pour la langue locale, le criolo, chaque île de l’archipel a développé son propre style. C’est une musique nostalgique et plaintive dont les thèmes principaux sont l’amour perdu, la mélancolie, l’éloignement de son pays et l’expérience de l’exil. Une expression musicale profonde de la saudade et du déchirement qui s’apparente à celle du Fado. Les instruments utilisés dans les chansons de morna sont la guitare, le cavaquinho (une petite guitare à quatre cordes) et le violon.
Le rythme de la morna est lent et doux. Elle se chante en créole et en portugais. Rythmiquement, elle se rapproche de la samba lente, qui a donné naissance à la bossa-nova, à la fin des années 50. L’ancêtre de ces 3 musiques du Monde Lusophone serait le lundum des esclaves d’Angola, qui aurait migré au Portugal avant de gagner le Brésil.
La morna est née au milieu du XIXe siècle à Boa Vista (la toute première morna serait “Brada Maria”, composée en 1870). Chantée pour la « partida » (le départ), elle s’est répandue dans les années 1920 à partir de l’île de Brava par le poète, écrivain et compositeur Eugenio Tavares. Ce fils de colon portugais est le premier intellectuel capverdien, en pleine époque coloniale, à soutenir qu’il existe une identité créole : une audace qui lui vaudra un exil vers les Etats-Unis.
Puis, la morna est devenue populaire au cours des décennies suivantes grâce au compositeur-guitariste Fernando Quejas, au chanteur Lela de Maninha et surtout B. Leza, un compositeur-chanteur qui y intègre le demi-ton. Les œuvres de ce dernier ont inspirées des interprètes comme Celina Pereira, Titina et Bana.
La morna la plus célèbre est “Sodade”. Ses auteurs sont Luis Morais, grand clarinettiste, et le poète Amandio Cabral. La chanson évoque le départ contraint des Cap-Verdiens vers les îles São Tomé, après la grave sécheresse de la fin des années 40. Bien que créée dans les années 50, son premier enregistrement, par l’Angolais Bonga, ne date que du début des années 70. C’est la très belle version chantée par Cesaria Evora qui est devenue un grand succès mondial dans les années 90.
En plus de B.Leza, les autres grands compositeurs de mornas sont Jotamonte, Sergio Frusoni, Lela d’Maninha ou Ano Nobu et, plus récemment, Paulino Vieira, Tito Paris, Betù et Téofilo Chantre.
Les interprètes les plus célèbres de la morna sont Bana, Cesaria Evora et Ildo Lobo, et, plus récemment, des artistes comme Maria Alice ou Mayra Andrade.
Cesária Évora, a canção “Partida” a partir do álbum “Cabo Verde” 1997